Voici les mésaventures d’un vampire un brin idiot et de son ami qui tente de le supporter, malgré ses nombreuses bévues. Elles ont été écrites à quatre mains (mention de l’auteur entre parenthèses).
126- Aux urgences (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, tu viendrais me chercher ?
— Tiens, ça faisait longtemps… où es-tu ?
— Aux urgences psychiatriques.
— Ton nouveau pied-à-terre ?
— Te fiche pas de moi ! C’est à cause de cet idiot de pharmacien !
— Je ne vois pas trop le rapport là…
— Ben, l’autre jour, après la teuf chez Sophie, j’ai fait une réaction cutanée… j’avais des boutons et des plaques partout sur la tronche !
— Quelle idée aussi de vouloir piquer le miel des ruches de ses parents…
— Ouais bon… bref, j’suis allé voir le pharmacien pour qu’il me file un truc.
— Et attendre la régénération, ça t’aurait fait mal au cul ?
— J’pouvais pas rester comme ça, j’ai une réputation moi !
— D’accord, et donc ?
— Ben, y m’dit : « c’est pas joli à voir, vous risquez une grave réaction respiratoire, vous pourriez en mourir. J’appelle les pompiers. » Alors j’lui réponds que c’est pas la peine, vu que j’suis déjà mort !
— Évidemment… et tu n’as pas trouvé le moyen de t’enfuir ?
— Pas avec tout le monde qui me regardait voyons !
— Et maintenant tu es en psychiatrie. Tu peux te barrer, non ?
— J’y ai pensé, tu me prends pour qui ? Hop, brume et adieu Berthe !
— Alors là, je ne comprends vraiment plus rien…
— Bah figure-toi qu’ils ont une climatisation du tonnerre ! À peine transformé, j’me suis retrouvé coincé dans le conduit. C’est tout ricici là-dedans ! Bon, tu viens me déloger oui ou non ?
— T’es vraiment con !
127- Au cirque (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, comment tu as trouvé le numéro ?
— Ben, plutôt banal… tu sais, le coup du lanceur de couteau, tout le monde connaît.
— Ouais, mais admets que le final avait quelque chose de sensationnel !
— C’est clair. Voir le type t’envoyer un couteau en pleine poitrine, ça a tout de suite fait monter la température. Par contre, tu aurais peut-être dû éviter de dire : « quelqu’un peut m’enlever ce bidule, j’ai du mal à respirer. »
— J’aurai aimé t’y voir ! Une lame de cette longueur, ça t’encombre vite fait les bronches.
— Tu ne respires plus.
— Je sais, c’est psychosomatique, comme y disent à la TV. Bon alors, tu crois que je suis fait pour ce boulot ?
— Ça dépend, tu comptes te faire trucider à chaque représentation ?
— Faut voir. Comme dit le boss, l’important, c’est le côté spectaculaire. Tu crois que je devrais vomir du sang en déclamant du Shakespeare ?
— T’es vraiment con !
128- Un vampire, ça trompe énormément (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, tu crois que le dresseur de Pato va m’en vouloir longtemps ?
— Y a des chances. Franchement, tu aurais pu y aller mollo.
— Pas ma faute tout de même ! Le numéro se déroulait du tonnerre, rien à redire, et d’un coup v’là que Pato m’appuie sur la poitrine comme s’il voulait me transformer en crêpe !
— Un signe au dresseur et tout serait rentré dans l’ordre en une seconde.
— Ouais, j’admets, j’ai un peu paniqué. Faut dire qu’un éléphant qui t’écrase de tout son poids, ça fiche les boules !
— Eh bien sûr, tu n’as rien trouvé de mieux que de lui soulever la patte et de te relever pour lui coller une beigne.
— Ben… ouais. N’empêche, t’as vu, il en est tombé sur le cul !
— T’es vraiment con !
129- À la chaîne (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, comment tu m’as trouvé ce soir ?
— Ben… à vrai dire, un peu long.
— J’aurai aimé t’y voir ! Enchaîné dans un bassin rempli d’eau, il fallait que je me libère et j’ai bien retenu la leçon : pas de brume. Alors je crois que je me suis pas trop mal débrouillé non ?
— Et la seule solution que tu as trouvé, c’est d’arracher tous les maillons de la chaîne qui t’empêchaient de bouger ?
— Ben oui, c’était le plus simple ! Bon j’admets, comme elle était entortillée tout autour du moi, ça m’a pris du temps…
— Et elle était fermée avec quoi cette chaîne ?
— Un cadenas, pourquoi ?
— T’es vraiment con !
130- Suivez mon panache blanc (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, il était chouette le spectacle de tigres non ?
— Heu… ouais. Original, je dirai. C’était toi le dresseur ?
— Ben oui ! Tu ne m’as pas reconnu ?
— Avec l’armure de plates que tu portais, j’aurai eu du mal…
— Je sais… mais je me suis souvenu de ma dernière rencontre avec un tigre, alors j’me suis dit que ça valait mieux.
— C’est clair que tu n’as pas dû sentir les coups de pattes !
— Non, que dalle ! Je crois que ça les a calmé, du coup, et j’ai pu faire mon numéro.
— Mais pourquoi avoir terminé en courant autour de la scène comme un forcené ?
— À cause du heaume.
— Hein ?!
— Ouais, j’avais oublié d’enlever ce stupide panache blanc qui pendouillait dessus. Les tigres ont trouvé ça très marrant et ils se sont mis à me courser tous ensemble !
— T’es vraiment con !