Voici les mésaventures d’un vampire un brin idiot et de son ami qui tente de le supporter, malgré ses nombreuses bévues. Elles ont été écrites à quatre mains (mention de l’auteur entre parenthèses).
131- Vampire volant (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, tu crois qu’ils me laisseront refaire du trapèze ?
— Ça m’étonnerait beaucoup… t’as bousillé leur spectacle.
— Mais c’était pas exprès, je t’assure !
— Vous n’aviez pas répété un numéro pareil ?
— Ben si ! Pendant deux semaines même ! Je n’avais pas grand-chose à faire : juste m’accrocher au trapèze par les genoux, me balancer et attraper mon collègue qui venait dans l’autre sens.
— Alors pourquoi tu es tombé ?
— J’ai éternué…
— Tu as… ben voyons ! Et c’était normal, je suppose, l’absence de filet ?
— Évidemment ! Ça augmente l’adrénaline chez le spectateur !
— Et plutôt que de rester au sol en geignant sur une fausse blessure, monsieur a préféré se relever en s’écriant « putain de rhume des foins ! »
— Ouais, j’admets, je l’ai mal négociée cette chute…
— T’es vraiment con !
132- Clown de mauvaise foi (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, tu as vu où ils m’ont casé au cirque ?
— Oui. C’était plutôt une bonne idée je trouve.
— Quoi ?! Tu rigoles j’espère ? Clown, ça me va pas du tout !
— Si tu avais joué ton rôle correctement, le spectacle aurait été vachement sympa. Mais, comme d’habitude, il a fallu que tu y mettes ton grain de sel.
— J’aurai voulu t’y voir ! Je servais juste de cible aux autres ! De la crème, des confettis, de la flotte, de la mousse à raser et j’en passe !
— Après toutes les catastrophes que tu leur as faites, tu pouvais bien accepter ça.
— Non ! J’ai ma fierté tout de même ! J’suis un vampire après tout !
— Et donc, forcément, tu leur as balancé un truc en travers de la tronche.
— Ouais ! Chacun son tour j’me suis dit. L’embêtant, c’était qu’il me fallait quelque chose de suffisamment grand pour tous les atteindre…
— Et bien sûr, tu as choisis le poteau de soutien du chapiteau.
— Ils en ont tiré une tête quand je l’ai sorti du sol, hein ?
— Pas autant que les spectateurs quand la toile s’est effondrée.
— J’pouvais pas savoir qu’un poteau de rien du tout suffisait à tenir leur bidule !
— T’es vraiment con !
133- Rancunier (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, j’ai perdu mon boulot au cirque…
— J’espère que tu n’es pas étonné ? Après tout ce que tu leur as fait subir, les pauvres…
— Quand même, c’est pas juste ! Je faisais des efforts !
— Pour saboter leur spectacle, oui.
— T’exagère… je suis sûr que j’aurai pu trouver ma place.
— Mouais… allez, tu trouveras bien autre chose, va.
— Et comment ! J’vais pas me laisser abattre !
— À la bonne heure !
— Je commencerai à chercher dès demain… en attendant, j’ai des billets pour ce soir, tu viens avec moi ?
— Des billets pour quoi ?
— Pour le cirque tiens ! S’ils ne m’ont jamais subi comme spectateur, y vont voir c’que ça donne !
— T’es vraiment con !
134- Made in T (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, cette fois je pense que j’ai trouvé ma voie !
— Mieux vaut tard que jamais comme on dit. Alors, de quoi il s’agit ?
— Je vais monter ma boite… vendre des fringues !
— Hum… il y a déjà du monde sur ce créneau, la concurrence sera rude.
— Oh non, ça m’étonnerait ! Parce que je vais me spécialiser dans un truc auquel personne n’a pensé.
— Tiens ! Et quelle est cette idée géniale ?
— Les frusques pour vampires. Les capes, les tenues de soirées, les pyjamas insectifuges…
— Les quoi ?!
— Ben ouais, dans un cercueil, y a plein de bestioles qui bousillent mes pyjamas, alors je dois pas être le seul à vouloir trouver une solution. Je suis sûr que j’aurai des tas de clients !
— C’est clair ! Et je suppose que tu feras de la pub ?
— Évidemment, la promotion c’est important… et avec un vrai vampire comme vendeur, aucun risque de tromperie sur la marchandise !
— T’es vraiment con !
135 – Vengeance (Denis Blaizot)
— Dis Georges, tu sais que j’voudrais bien rencontrer celui qui m’a transformé en vampire ?
— Ah ? Et ça te prends tout à coup ?
— Non, j’ai pris le temps de bien réfléchir !
— Soixante ans. C’est sûr que t’as pris le temps de la réflexion. Et pourquoi veux-tu le rencontrer ?
— Je veux qu’il comprenne bien ce qu’il m’a fait subir.
— Mouais… et tu vas lui dire quoi à ton créateur ?
— Rien.
— Alors là, c’est moi qui ne piges rien. Comment veux-tu qu’il comprenne si tu ne lui dis rien ?
— J’vais rien lui dire. J’vais lui faire subir.
— Ah ?
— Ouais ! À mon tour, j’vais l’transformer en vampire. Y va voir c’que c’est, ce gougnafier !!!
— T’es vraiment con !