Voici les mésaventures d’un vampire un brin idiot et de son ami qui tente de le supporter, malgré ses nombreuses bévues. Elles ont été écrites à quatre mains (mention de l’auteur entre parenthèses).
141- La mort vous va si bien (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, j’ai vraiment pas de bol !
— Laisse-moi deviner : tu as encore foiré un stage.
— Ouais ! Pourtant, je tenais l’idée du siècle !
— Ben tiens… et tu as essayé le métier de…
— Croque-mort.
— Ah. Ma foi, tu aurais dû bien t’en tirer…
— J’ai pas fait la journée, uniquement par manque de chance !
— Raconte.
— Figure-toi que je suis tombé sur le type qui m’a embaumé !
— Effectivement, à Paris, c’est pas de bol. Il t’a reconnu ?
— Pas au début, mais j’ai bien vu qu’il gambergeait. Alors, quand il a commencé à me remettre, j’en ai profité !
— C’est-à-dire ?
— Je lui ai réclamé ma montre à gousset. Après mon passage chez lui, elle avait disparu. Il est tombé raide dit donc !
— T’es vraiment con !
142- Vampire municipal (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, tu crois qu’ils vont se souvenir de moi à la Mairie ?
— J’en ai bien peur. Ça n’est pas tous les jours qu’un stagiaire au service espaces verts termine dans les faits divers.
— Roh, y avait pourtant pas de quoi en faire un fromage !
— Tu as failli tuer un automobiliste, il me semble.
— Ouais, failli, justement !
— Allez, tu sais que je déteste les comptes-rendus des journaux. Raconte-moi.
— Ben, j’étais avec les autres le long du boulevard Quinet pour remettre des plantes et là, y a un gars en bagnole qui ralentit et crie par sa fenêtre : « Un qui bosse, six qui papotent ! » Tu me connais, je ne supporte pas ce genre de type…
— Et… ?
— J’ai pris la première chose qui me tombait sous la main et je lui ai balancé.
— Soit une jardinière de trois mètres de long.
— Bah ouais, y avait pas plus gros…
— T’es vraiment con !
143- Sacrée ambiance ! (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, tu sais qu’aujourd’hui c’est mon anniversaire ?
— Oui…
— Ben ça m’a donné une idée. Ce matin, j’ai testé un nouveau boulot : ambianceur. J’ai trouvé un auto-entrepreneur qui a accepté de me prendre avec lui.
— Houlà ! Et tu as eu l’occasion d’assister à une fête ?
— Ouais ! Cet après-midi, on a fait l’anniversaire d’un gamin et j’ai participé.
— Et donc ?
— Au début, c’était très calme, on a fait des jeux débiles avec des ballons et des marionnettes…
— Je vois. Ça t’a fait chier et tu as décidé de mettre ton grain de sel.
— Boh, j’ai juste proposé un nouveau jeu ! Les parents avaient acheté des jouets gonflables. Y avait un long tube où tu peux passer en rampant…
— À condition d’être un enfant.
— Oui. Je leur ai dit que j’allais leur montrer un tour de magie et je me suis glissé dans le tube, avec mon déguisement de clown et tout. Au fur et à mesure, je me suis transformé en brume, pour qu’ils ne voient rien, et j’ai réussi à passer. Tu aurais vu leurs têtes ! Y m’ont applaudi pendant dix minutes !
— Où est l’embrouille ?
— Mon patron d’un jour n’a pas aimé. Il a voulu essayer aussi, histoire de ne pas paraître con… et il est resté coincé. J’arrivais pas à dégonfler le bidule, il a fallu donner un coup de couteau dedans avant que le gars n’étouffe !
— T’es vraiment con !
— N’empêche, j’me suis bien marré !
— N’empêche, t’es vraiment con !… mais bon anniversaire quand même.
144- Cuisine à l’ail (Lydie Blaizot)
— Bis Georges, tu aurais bes bouchoirs ?
— Hein ? De quoi tu causes ?
— Bes bouchoirs !
— Ah, des mouchoirs ! Tiens, voilà un paquet. Pourquoi tu parles du nez comme ça ?
— Pffffeeeeuuuuh ! Ah, merchi, cha va mieux. Ch’est la faute à mon nouveau stage.
— Ne me dis pas que tu es devenu sensible aux courants d’air !?
— Non, j’ai voulu essayer marmiton dans un restaurant.
— Hum… je ne vois pas le rapport.
— Ben, tu fais toutes les corvées, tu vois… la plonge, l’épluchage de légumes.
— Normal, pour un marmiton. Quel rapport avec ton nez ?
— Au début, ch’était nickel, le patron trouvait même que j’étais rapide… et puis, il m’a demandé d’éplucher deux kilos d’ail. J’avais oublié à quel point cha piquait, chette chaloperie !
— T’es vraiment con !
145- Une bonne couverture (Lydie Blaizot)
— Dis Georges, de quoi j’ai l’air ?
— D’un truand. Pourquoi as-tu mis des lunettes de soleil, il fait nuit !
— Ben, j’ai eu un souci aux yeux… une brûlure, comme qui dirait.
— Qu’est-ce que tu as encore fabriqué ?
— Un nouveau stage. Un boulot où y cherchent du monde, à c’qui paraît : couvreur.
— Euh… ouais, pourquoi pas. Quel rapport avec tes yeux ?
— Avec mon tuteur, on est allé sur le chantier d’une grande baraque, dans le seizième. Un truc balèze, fallait refaire toute la toiture pour l’isoler, et tout…
— Bon, OK, et ?
— Y me montre comment poser la bâche de sous-toiture et y m’dit de faire un côté pendant qu’il faisait l’autre. C’est ce que j’ai fait. Quand j’ai eu fini, j’avais tellement mal aux yeux que j’y voyais plus rien ! Y avait du soleil, mais quand même…
— Et tu n’as rien remarqué à propos de cette fameuse bâche ?
— Non, pourquoi ?
— Le fait qu’elle était recouverte d’une pellicule brillante, par exemple.
— Ah… ouais, maintenant que tu le dis…
— T’es vraiment con !